Je
parcourais les chaînes de télé, à la recherche de rien du tout, finalement, lorsque
mon attention a été attirée par la fin d'une annonce de voiture. Un Tiguan,
pour ne pas le nommer. Une bonne publicité, somme toute. Et probablement un bon
VUS. C'est plutôt le scénario du contenu qui a titillé mon attention.
La
publicité est un reflet en temps réel, de la société dans laquelle on vit. C'est
normal. Les publicitaires prennent des photos du climat social et adaptent le
message de façon à s'adresser aux champs d'intérêt des auditeurs et
spectateurs.
Dans la
publicité, on comprend que le papa achète tout plein de matériaux pour
fabriquer une rampe de planche à roulettes. Il souhaite ainsi assouvir la
passion de son enfant.
Ne
veut-on pas ce qu'il y a de mieux pour nos enfants?
À la fin
de l'annonce, c'est la maman qui rentre à la maison avec l'enfant qui est
maintenant passionné de karaté. Son papa fait une moue en constatant qu'il a
travaillé pour rien. Il semble dire « encore un changement de
passion? ».
La
passion. Ah! La passion!
Ces
temps-ci, c'est comme ça. J'entends de jeunes parents s'exprimer sur les
exploits de leur enfant. Je ne juge pas : j'étais peut-être de même un peu
quand mes enfants étaient plus jeunes!
Ce qui
me frappe, c'est la volonté d'identifier l'intérêt nouveau d'un enfant comme
étant une passion.
Je
regarde autour et je me dis qu'il y a pas mal plus de personnes qui
entretiennent des intérêts plus ou moins marqués pour une ou des activités
qu'il y en a qui alimentent une véritable passion.
« C'est
fascinant! Mon enfant a développé dernièrement une véritable passion pour le
dessin! Je viens de devancer son cadeau de fête pour lui acheter le kit des
kits en dessin! Il pourra enfin pouvoir exprimer sa passion! »
Il y a
beaucoup de choses dans la dernière phrase!
Primo,
les mots « développé dernièrement » et « passion » qui se
côtoient. Je crois sincèrement que pour parler de passion, il faut une durée
dans le temps. L'enfant dessine? Grand bien lui fasse! Il suffit de laisser
traîner des crayons et du papier. Et de laisser l'intérêt s'exprimer au fil des
mois. On ajoutera ensuite des couches de fournitures de façon progressive.
Un
passionné de dessin a besoin de très peu pour s'exprimer.
Autre
exemple: donnez deux ou trois contenants de plastique et de carton à un
passionné de percussions et il les transformera de façon créative en caisses de
résonance.
Dit
autrement : l'équipement ne fait pas l'artiste. Ou le sportif. Ou tout le
reste.
Secundo,
je devance son cadeau de fête et j'offre le kit des kits à mon enfant... Bonjour
la pression! Et je ne pense même pas à la pression directe, nenon! Je pense à
la pression indirecte : celle qui viendra chaque fois que l'enfant
entendra ses parents dire à leurs amis : « il est tellement bon, on
n'a pas voulu le brimer dans sa supracréativité et on a acheté le mieux! On
veut le meilleur pour nos enfants, non?
Ma boîte
à imagination est fertile, vous me direz, mais j'imagine souvent l'enfant
répondre : « je peux-tu essayer des affaires sans que ça devienne une
occasion de dire à tout le monde que je suis hot? Ça gosse, à un moment
donné! »
Et
tertio, « il va enfin pouvoir exprimer sa passion! » Je ne sais pas trop si ce bout de phrase
vient pour expliquer la dépense folle et ainsi éviter qu'on juge le parent,
allez savoir, mais, cibole, un enfant peut-il juste dessiner sans qu'on sème tout
autour des attentes de futur Picasso?
Je
reviens à l'annonce publicitaire : si le papa ne répondait pas à la minute
près à la construction d'éléments physiques pour l'assouvissement des "passions"
de son enfant, il n'aurait peut-être pas tant besoin d'un VUS...
On
pourrait aussi juste laisser aux enfants le temps d'être des enfants! De ceux
qui apprennent à se débrouiller pour exprimer leurs intérêts. La
débrouillardise cohabite avec la créativité. Les deux dépendent passablement
l'un de l'autre. Autant les laisser se développer!
La
pression viendra bien assez vite, de toute façon...
Clin
d'œil
Combien d'entre nous ont eu
une passion soudaine pour l'exercice physique et ont acheté de l'équipement
qui, aujourd'hui, accumule la poussière?