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Gouverner par sondages…

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 29 octobre 2025      

Nous vivons dans un monde étrange. Un monde de tous les dangers. Qu'importe les dossiers que porte à notre attention l'actualité, des constantes s'en dégagent. La principale d'entre elles c'est la culture du tout de suite. L'impatience dont nous faisons preuve doublée d'un narcissisme bien réel se reflète dans le traitement que font nos médias des enjeux auxquels nous sommes confrontés. Nous avons déifié l'opinion publique pour en faire la souveraine de notre monde incertain. À tout prendre, la culture de l'opinion amène les gouvernements comme celui de François Legault à diriger en fonction des coups de sonde auprès de notre opinion du moment. Des priorités sont déterminées en réaction à de tels paramètres pour devenir les préoccupations des médias et les nôtres en bout de course. Gouverner en tenant compte de l'opinion du moment met à mal les valeurs qui fondent notre vivre ensemble. Par exemple, nous avons des inconforts concernant les prières de rue qui font les manchettes : interdisons ces dernières comme si cela était devenu une réalité prégnante dans notre quotidien. À ce jeu de la gouvernance par l'opinion, nos valeurs fondamentales comme la défense des libertés des uns et des autres en prennent pour un coup.

Opinion publique et gouvernance

Notre époque contemporaine est marquée par une rapidité accrue de la circulation de l'information et par l'omniprésence des médias. La gouvernance par l'opinion publique est devenue un phénomène omniprésent. Les gouvernements, dans leur quête de la légitimité et du soutien populaire, naviguent constamment à travers les méandres des sondages et des réseaux sociaux. Ce phénomène soulève des questionnements majeurs quant aux valeurs qui fondent nos sociétés occidentales. À première vue, il pourrait sembler bénéfique d'écouter l'opinion du peuple. Cependant, lorsque cette opinion devient le moteur principal de la prise de décisions politiques, elle peut saper les fondements mêmes de notre vivre ensemble et faire fi des droits des individus et des valeurs de tolérance et de respect qui caractérisent notre civilisation.

La culture de l'opinion publique

La notion d'opinion publique n'est pas nouvelle, mais l'évolution technologique et médiatique a amplifié sa portée. Les réseaux sociaux, les sondages instantanés et les discussions en ligne ont transformé notre rapport à l'information. Dans ce contexte, l'impatience et la réactivité dominent. Les gouvernements se voient poussés à réagir sans délai aux variabilités de l'opinion publique, à adapter leurs politiques pour répondre aux pressions de l'heure. Ce phénomène peut être perçu dans diverses sphères, notamment la politique, la santé publique et les questions sociales.

Les enjeux deviennent souvent réduits à des slogans ou des réactions émotionnelles, alors que des discussions nuancées sont nécessaires pour traiter des sujets complexes. Par exemple, lorsque des problèmes tels que les prières de rue émergent dans le débat public, la réaction immédiate peut consister à interdire plutôt qu'à comprendre. Ce type de gestion peut masquer des problématiques plus profondes de coexistence et de tolérance.

L'impact sur la gouvernance

La gouvernance par l'opinion est en mesure de dessiner le programme politique. Les actions du gouvernement de François Legault, par exemple, illustrent comment les décisions peuvent être influencées par l'opinion publique. En adoptant une approche qui privilégie les retours d'opinion des citoyens par l'intermédiaire des sondages, il est tentant de croire que cela renforce la démocratie. Pourtant, ce processus peut mener à des décisions qui manquent de substance et de vision à long terme. La priorité accordée à l'opinion populaire peut aboutir à une forme de populisme, où les politiques sont dictées par des préoccupations immédiates au détriment de décisions plus éclairées et plus réfléchies. Par conséquent, les valeurs fondamentales de justice, d'égalité, et de liberté, qui doivent guider la gouvernance, sont compromises.

Le risque pour les valeurs fondamentales

La culture de l'opinion engendre une approche simpliste et parfois dangereuse des enjeux sociétaux. C'est le malheur qui guette le gouvernement Legault et le Québec alors que dans un élan de panique, on veut faire plaisir en s'attaquant aux syndicats, aux immigrants et à toute sorte de phénomènes qui gênent notre confort. Dans ce contexte, les valeurs qui fondent notre civilisation occidentale, telle que la protection des droits individuels et le respect des croyances d'autrui, peuvent être mises de côté. Nous voyons une dérive où l'argument d'autorité de la majorité remplace la raison et le débat. La défense des libertés devient alors secondaire par rapport à l'opinion populaire.

L'exemple des prières de rue en est révélateur. Plutôt que d'engager un dialogue constructif permettant d'appréhender la pluralité des opinions et des croyances, la réponse des autorités a souvent été d'interdire. Cette interdiction, motivée par un souci de conformité à une norme socialement acceptée, s'assimile à une remise en question de la liberté d'expression et de la pratique religieuse.

Pour contrer les effets délétères de la gouvernance par l'opinion publique, il est impératif de revendiquer une approche politique qui soit informée et visionnaire. Cela passe par l'éducatif et la promotion d'une citoyenneté active et engagée, capable de développer une pensée critique devant l'information diffusée. Les gouvernements doivent instaurer des dialogues ouverts, où la diversité des voix est entendue, et non seulement les cris les plus forts.

Promouvoir les droits et la diversité

La gouvernance par l'opinion publique, bien qu'apparemment démocratique, peut constituer un contre-emploi des valeurs fondamentales qui soutiennent notre civilisation. Il est essentiel d'aller au-delà des réactions impulsives et d'engager des discussions nuancées sur les enjeux sociétaux. Cela demandera un effort concerté, une volonté de comprendre et de respecter la diversité, et une prise de conscience que la défense d'un vivre ensemble harmonieux repose sur des valeurs telles que la tolérance, le respect et la protection des droits individuels. La souveraineté de l'opinion publique ne doit pas devenir l'ennemi des valeurs qui nous unit. Pour avancer ensemble, nous devons réaffirmer ces principes et les placer au cœur de notre gouvernance. Il est bien plus facile de dire aux gens ce qu'ils veulent entendre que de défendre des principes et des valeurs. La tentation est grande pour un gouvernement impopulaire de céder aux préjugés ambiants pour passer la gratte afin de se faire des amis même les plus infréquentables. Le désespoir est la voie royale pour laisser place à ses désirs et ses illusions, mais en laissant en plan l'essentiel qui est de défendre des valeurs que l'on cherche à faire partager par le plus grand nombre. À cet égard, le discours actuel du gouvernement Legault laisse manifestement comprendre qu'il a cédé à la panique et qu'il est prêt à tout faire pour chercher à éviter la sanction populaire qui l'attend en octobre 2026. Ce n'est pas une bonne idée ni pour lui ni pour le Québec.

Il est temps de redéfinir la relation entre gouvernements et citoyens. La démocratie ne se résume pas à la simple réponse aux attentes du moment, mais implique également l'éducation, le respect, et la protection des valeurs profondes qui nous lient en tant que société. Redonnons un sens aux principes de responsabilité et de justice sociale et veillons à ce que les décisions politiques soient éclairées par une vision à long terme, plutôt que par des impulsions immédiates. En fin de compte, c'est ainsi que nous pourrons véritablement défendre les valeurs qui fondent notre civilisation occidentale. Ce n'est pas une bonne idée de gouverner par sondages...


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