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Les droits de la personne, le Canada un modèle? Vraiment?

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 28 septembre 2016      

Jeudi dernier, l'émission Enquête d'Ici Radio-Canada a diffusé un reportage troublant sur la torture et l'emprisonnement illégal de trois citoyens canadiens en Syrie de 2001 à 2004. Ainsi, Abdullah Almalki, Ahmad El Maaati et Muayyed Nureddin ont vécu l'enfer dans les suites de la « paranoïa sécuritaire de l'après-attentat du 11 septembre 2001 » avec la complicité bienveillante de l'État canadien. Pays qui se targue d'être le paradis des droits de la personne et où l'enchâssement d'une charte des droits et libertés dans notre constitution fait notre fierté. Réflexions sur de troublantes révélations...

Les droits de la personne?

C'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le concept des droits de l'homme s'est développé. Jusqu'à ce moment, la façon dont un État traitait ses citoyens était jugée comme une affaire intérieure relevant de sa responsabilité, une affaire domestique. Devant l'atrocité des agissements des nazis contre son propre peuple et tout particulièrement contre les Juifs et les homosexuels, les Nations Unies ont adopté une charte internationale des droits de l'homme en 1948, accompagnée d'une Déclaration universelle des droits de l'homme.

Chez nous, au Canada c'est à John Diefenbaker que nous devons notre première Loi sur les droits. On l'oublie souvent, mais c'est à cet ancien premier ministre conservateur du Canada que nous devons cette préoccupation canadienne pour les droits et libertés et les droits de la personne. Ce dernier a été premier ministre du Canada de 1957 à 1963. Il était un défenseur acharné des libertés civiles et était animé par un sens profond de justice sociale.

C'est sous sa gouverne, que le 10 mars 1960 la Chambre des communes accorde le droit de vote à tous les autochtones. Le 10 août de la même année, s'inspirant fortement de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il fait adopter par le gouvernement conservateur la Déclaration canadienne des droits. À ce moment, les provinces refusent de se soumettre à cette Déclaration des droits et cela ne s'appliquera par conséquent qu'aux lois fédérales. On connaît mieux la suite de l'histoire. En 1962, l'Ontario adopte un Code de loi sur les personnes, le Québec se donne une charte des droits et libertés en 1974 sous le gouvernement Bourassa. Puis, profitant du rapatriement de la constitution canadienne en 1982, Pierre Elliott Trudeau se fait le champion de l'enchâssement d'une charte des droits et libertés dans la constitution canadienne. Depuis ce jour, le Canada et ses citoyens sont fiers d'être considérés comme les champions de la tolérance et des droits et libertés. Le reportage diffusé la semaine dernière par l'équipe d'Enquête devrait donc susciter une vague d'indignation sans précédent au Canada. Je n'ai rien vu de tel. Et vous?

La torture avec la bénédiction canadienne

Le reportage de l'émission Enquête à Ici Radio-Canada tend à faire la preuve que c'est avec la collaboration des services secrets canadiens et de la GRC que des citoyens canadiens ont été emprisonnés illégalement et torturés sur la foi de renseignements épars liant ces gens à la mouvance terroriste d'Oussama ben Laden. Des gens qui aujourd'hui clament leur innocence et poursuivent le gouvernement canadien, notre gouvernement soit dit en passant, pour avoir participé directement à ces crimes contre eux.

C'est troublant de constater que des renseignements ou des informations parcellaires peuvent conduire à de tels actes de la part de notre gouvernement et de ses agents. Des crimes commis au nom de la liberté et de la sécurité des Canadiens. Des atrocités qui ont eu lieu avec la complicité bienveillante des gouvernements libéraux de Jean Chrétien et Paul Martin et conservateur de Stephen Harper. Cela au nom de la sacro-sainte sécurité des citoyens canadiens. La fin justifie les moyens pour les gouvernements et la police.

Que des innocents soient torturés ou tués n'est pas vraiment important dans l'équilibre du jeu de la tension dynamique en droits de la personne et en répression du terrorisme. Ce ne sont que de misérables dommages collatéraux. Il faut vraiment être naïf pour ne pas comprendre la nécessité d'agir afin de protéger la vie des Canadiens me diraient la police et les services de sécurité si je leur posais la question. J'avoue ma naïveté.

Maintenant, nous savons : la fin justifie les moyens

Si je n'avais pas vu ce reportage sur les ondes d'Ici Radio-Canada, j'aurais probablement continué de croire qu'au Canada, nos gouvernements, nos services secrets et notre police ne cautionnent pas la torture et l'emprisonnement illégal de citoyens. Aujourd'hui, je sais que c'est possible et que cela n'est pas le privilège des Américains ou des dictatures que de torturer les gens. Que le Canada ait laissé la « sale job » aux Syriens ne change rien à l'affaire. Notre gouvernement a été complice de la torture et de l'emprisonnement de gens innocents pour nous protéger.

Vous savez lors de la dernière campagne électorale, un des enjeux était la Loi C-44 qui donne plus de pouvoir au Service canadien de renseignements et de sécurité (SCRS) et à la GRC en matière de lutte au terrorisme notamment en matière de partage de l'information avec des pays étrangers. Ce dont il est justement question dans le reportage de l'émission Enquête. Le premier ministre actuel, le libéral Justin Trudeau, a promis de revoir cette loi afin de réserver un meilleur équilibre entre les droits et libertés et le pouvoir accordé à nos espions et à nos policiers en matière de lutte au terrorisme. Il était aussi question d'un organisme de surveillance aux dents plus pointues. J'attends avec impatience les débats sur ce sujet. Nous verrons alors si Justin Trudeau est aussi grand champion qu'il le prétend en matière des droits et des libertés fondamentales des citoyens que nous sommes. Nous verrons jusqu'à quel point ce sont là pour lui des valeurs canadiennes.

Les gouvernements que l'on mérite

Si jusqu'à maintenant, vous vous êtes indignés comme moi du fait que le Canada s'est fait complice de tortures et de l'emprisonnement illégal de citoyens canadiens à l'étranger, je n'aurai pas perdu mon temps. J'aimerais que vous fassiez un effort supplémentaire sur le chemin de l'indignation en vous demandant : le fait que les citoyens concernés sont des ressortissants arabes et musulmans justifie-t-il à vos yeux que le gouvernement canadien ait été complice de leur torture? Croyez-vous comme la police et le SCRS que la fin justifie les moyens et que notre sécurité vaut bien quelques dommages collatéraux? Après tout, cela aurait pu conduire à sauver des centaines de vies de Canadiens menacés par le terrorisme musulman, non?

Vous comprenez mieux maintenant l'expression populaire, « nous avons les gouvernements que nous méritons ». Si les Canadiens n'étaient pas globalement si effrayés par le terrorisme et si ouvertement contre les musulmans et la culture arabe en général, nos policiers et nos espions ainsi que nos gouvernements auraient une plus grande gêne à agir comme ils l'ont fait et à envoyer des innocents à la torture.

En ce sens, notre frayeur et nos peurs de l'Arabe et du musulman sont en quelque sorte la matière première des agissements illégaux et révoltants du gouvernement du Canada et de ses agents dans cette affaire révélée par Enquête jeudi soir dernier. Ça nous rappelle l'autre affaire celle de Maher Arar.

Si je vous croise et vous me dites que les droits de la personne, les droits et libertés font partie de vos valeurs et que le Canada est un modèle en ce sens, ne vous étonnez pas que je vous demande une simple question : Vraiment?


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