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Le 45e président des États-Unis d’Amérique, Donald Trump!

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 18 janvier 2017      

Nous y sommes. Dans deux jours, Donald J. Trump sera officiellement sacré président des États-Unis d'Amérique. Nous ne savons pas trop de quoi sera faite sa présidence, mais nous sommes certains que rien ne sera plus jamais comme avant en matière de politique américaine.

À tort, nous avons été plusieurs à croire que l'élection de Barack Obama signifiait une rupture avec le passé politique américain. Son « Yes, we can » restera gravé dans nos mémoires, mais il est probable que ce sont les actions du nouveau président américain Trump qui marqueront l'histoire non seulement américaine, mais l'histoire de notre planète.

Ceux qui doutent de cette affirmation n'ont qu'à visionner la première conférence de presse de ce président hors-norme pour s'en convaincre. Donald Trump n'est pas seulement un président atypique qui tweete plus vite que son ombre, mais c'est aussi un incroyable réservoir à surprises. Qu'est-ce que cela signifiera pour nous, Québécois et Canadiens? Exploration d'une terre inconnue...

Stéphane Dion écope...

La toute première conséquence de la présence de Donald Trump à la présidence américaine n'a pas tardé à se faire sentir chez nous au Canada. Le premier ministre Justin Trudeau a décidé d'évincer l'intellectuel mal-aimé au Québec, Stéphane Dion de son poste de ministre des Affaires étrangères pour le remplacer par sa collègue au commerce, Christya Freeland. Cela signifie que le gouvernement libéral de Justin Trudeau veut donner une tonalité plus commerciale à la voix canadienne en matière de relations extérieures notamment avec notre puissant voisin.

La connaissance intime de madame Freeland des États-Unis d'Amérique pour y avoir vécu et travaillé et son approche pragmatique des choses sauront mieux plaire au gouvernement de Donald Trump que l'approche cartésienne et rationnelle de Stéphane Dion. Cela augure mal pour les orientations politiques futures du Canada en matière de politique étrangère. Nous avons toujours pratiqué une politique multilatérale, sous les libéraux on s'entend, qui cherchait à réconcilier nos politiques avec celles du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis.

L'exercice de réconciliation des politiques de nos alliés traditionnels risque d'être très périlleux dans un proche avenir. Sans compter que les intentions claires du nouveau président Donald Trump de renégocier l'ALENA et notre querelle commerciale concernant le bois d'œuvre pourraient compliquer sérieusement les choses. Je ne vous parle même pas des inquiétudes que nous pouvons avoir à l'endroit de l'avenir de l'industrie automobile canadienne en Ontario.

Des changements de politiques à prévoir

L'arrivée de Donald Trump à la présidence américaine aura aussi des effets sur la politique canadienne. Souvenons-nous de la grande fierté avec laquelle nous avions accueilli le « Canada's back » sur la scène internationale prononcé par Justin Trudeau. Notre politique généreuse à l'égard de l'accueil des réfugiés syriens, la signature du traité de Paris sur les changements climatiques et la visite quasi royale de notre premier ministre chez les Obama à Washington en ont fait la démonstration.

Justin Trudeau avait même été identifié par le président Obama comme la relève progressiste au sein de la grande confrérie internationale. Avec l'arrivée de Trump à la présidence américaine, cette étiquette risque de hanter Justin Trudeau. C'est pourquoi, pour gagner les bonnes grâces de ce nouveau président, le Canada devra vraisemblablement donner des raisons tangibles au nouveau régime Trump pour se faire respecter. Il est à prévoir que des politiques et des orientations canadiennes changeront au cours des prochains mois afin d'être moins abrasives pour Donald Trump et ses amis.

Des politiques moins abrasives pour nos voisins américains...

Il y a au moins quatre grands pans des orientations politiques du gouvernement Trudeau qui pourraient être modulés au cours des prochains mois. La toute première est la politique d'ouverture envers les réfugiés et l'immigration en général. Pour le nouveau président américain, il est clair que la politique d'immigration des États-Unis doit d'abord et avant tout se préoccuper des enjeux de sécurité intérieure des États-Unis. Si le Canada est réputé admettre sur son territoire des réfugiés qui seraient refusés chez nos voisins, cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur la fluidité de nos frontières communes et avoir des effets néfastes pour nos échanges commerciaux.

La question des échanges commerciaux entre nos pays respectifs est l'autre grand élément du nouvel échiquier politique entre les États-Unis et le Canada. Non seulement le président Trump veut que l'Amérique retrouve sa grandeur, mais il entend mettre en place des mesures de rétorsion contre les entreprises américaines qui investiront ailleurs qu'aux États-Unis et qui créeront des emplois ailleurs. Cela peut être inquiétant pour le Canada qui est totalement dépendant des investissements américains et de ses échanges commerciaux avec son puissant voisin. Comme l'avait dit un jour l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, je le cite de mémoire : le Canada est une souris dans un lit d'éléphant pour illustrer les relations entre le Canada et les États-Unis. Il serait étonnant que la souris dicte ses volontés à l'éléphant même au pays de Justin.

La politique canadienne quant aux changements climatiques vivra aussi de profondes transformations. Déjà que nous avons du mal à nous entendre avec les provinces productrices de pétrole. La question de la compétitivité des entreprises canadiennes eu égard à ses concurrentes américaines deviendra le point nodal de notre politique. Il faut s'attendre au pire en ce domaine puisque Donald Trump ne croit pas aux changements climatiques, estime que le charbon est un combustible propre et nourrit du scepticisme à l'égard du traité de Paris.

La seule bonne nouvelle pour le Canada en matière de politique énergétique est la volonté du nouveau président Trump de donner son accord au projet de pipeline Keystone XL. Encore faut-il se convaincre que cela constitue vraiment une bonne nouvelle, ce qui n'est pas l'avis de la mouvance écologiste canadienne.

Enfin, le dernier pan des orientations du gouvernement Trudeau qui sera modulé par l'arrivée du nouveau président Trump, c'est celles concernant notre politique étrangère. Pensons notamment à l'OTAN, à la Russie, au Moyen-Orient, à Israël, à la Chine et à Cuba. Si le premier ministre canadien Trudeau a choisi de ne pas assister aux funérailles de Fidel Castro après une déclaration maladroite, on a peine à imaginer qu'il tienne tête comme son père l'avait fait aux Américains quant à nos politiques à l'égard de la Chine et de Cuba pour ne donner que ces deux exemples. La politique c'est un test quotidien de réalisme. Avec le président Trump, à vouloir lui plaire, nous risquons de sombrer dans une télé-réalité inquiétante relevant plus d'une société post-factuelle que d'une société soucieuse de faits et de science.

Le président Tweetie Trump

Comme je le disais au début de cette chronique. Nous y sommes. Nous sommes entrés dans l'ère du Tweetie président Trump. L'ère post-factuelle des relations canado-américaines s'amorce dans deux jours. Le premier geste posé par Justin Trudeau aura été de remplacer un intellectuel rigoureux par une femme journaliste rompue aux acrobaties diplomatiques et pour qui les relations étrangères sont plus une affaire de foire commerciale que de principes. Un signal clair de la volonté du gouvernement Trudeau de plaire à Donald Trump. Bienvenue dans l'univers du 45e président des États-Unis d'Amérique de Donald Trump!


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