Société Arts & culture Sports Chroniqueurs Concours Annonces Classées
|   Memphrémagog    |   Coaticook    |   Haut St-François    |   Val St-François    |
  EN ESTRIE / Coaticook

Thanatologues depuis 3 générations

 Imprimer   Envoyer 
Photo : Stéphane Charron est thanatologue depuis 1993 dans la MRC de Coaticook
Daniel Campeau Par Daniel Campeau
redaction@estrieplus.com
Mercredi le 8 février 2023      

Stéphane Charron, fils de Claude et petit-fils de Lucien, dirige Charron et Fils résidence funéraire depuis près de 30 ans. Il est thanatologue ou « directeur funéraire » comme son père et son grand-père avant lui. Il est le troisième Charron à servir les familles en deuil de la MRC de Coaticook. 

Loin de l'image du personnage de Lucky Luke

Le directeur funéraire de 51 ans est cependant bien loin de l'image mythique du croque-mort traditionnel. Même avec un grand chapeau noir haut-de-forme sur la tête, des souliers et un costume noirs, il n'aurait pas la tête de l'emploi. Disons qu'il est très loin du croque-mort illustré dans Lucky Luke.

Stéphane Charron a l'air d'un homme d'affaires comme les autres. C'est un homme au début de la cinquantaine, sympathique comme un gérant d'épicerie qui connaît et parle avec tout le monde. Il joue au golf. Il a une femme et des enfants. Il aime la motoneige et prendre du temps pour lui. 

Il a terminé, en 1993, sa formation de thanatologue au Collège de Rosemont. Depuis ce temps, il a embaumé environ 2000 personnes. Dès l'âge de 7 ans, il a accompagné son père dans l'exercice de ses fonctions et a assisté à son premier embaumement :

«Mon père s'en allait au salon avec ma sœur et j'ai décidé d'y aller avec eux. Une fois dans le laboratoire, devant la dépouille couchée sur la civière, mon père a sorti le bistouri et, là, ma sœur a fermé les yeux. De mon côté, j'étais curieux ! J'étais sur le bout des pieds pour voir ce qu'il allait faire.»

Par la suite, Stéphane Charron a accompagné souvent son père avec le fourgon pour aller chercher des dépouilles. C'était comme un moment père/ fils, mentionne-t-il. Vous savez, le fait de transporter des corps, pour un directeur de pompes funèbres, c'est comme transporter n'importe quoi d'autre. C'est notre travail, ajoute-t-il.

Il n'a jamais eu peur des morts

Contrairement à beaucoup de gens qui ont peur des morts ou éprouvent un malaise face à une dépouille, Stéphane Charron lui n'a jamais vraiment eu peur :«Peut-être un peu au début de l'adolescence, alors que l'on regardait beaucoup de films d'horreur, il m'est arrivé d'aller chercher quelque chose au salon, le soir, tout seul. J'étais un peu craintif. Je regardais partout et je tendais l'oreille. Je remarquais bien qu'il n'y avait pas de fantôme ou de porte qui ouvre toute seule.»

Être le fils d'un "croque-mort «, une personne dont plusieurs personnes en ont une drôle de perception, peut s'avérer lourd à porter. Parfois, à l'école, ce métier peut être l'objet de plusieurs mauvaises blagues, surtout quand on est jeune.Stéphane Charron avoue n'avoir jamais vraiment eu à faire face à cela.

C'est arrivé une seule fois, lorsqu'il était à la polyvalente :«Un matin, mon père m'a amené à l'école avec la Cadillac que l'on utilisait comme voiture de tête, celle avec la table à fleurs [à l'époque, les familles exprimaient leurs sympathies à la famille en deuil avec des couronnes de fleurs] Et là, des gars dans la cour, quand ils m'ont vu débarquer m'ont crié : «Aye, Charron ! T'es pas venu en corbillard ? Et ils ont éclaté de rire.Et bien le lendemain matin, j'ai dit à mon père : «Papa, on prend le corbillard à matin.» Disons qu'il y en a qui ont fait une drôle de tête... Et ça s'est arrêté là.»

Stéphane Charron précise qu'il n'était pas le genre de gars à être tout seul dans son coin. Il avait sa gang et, comme son grand-père et son père, il est très impliqué dans sa communauté. Les gens savaient ce que nous faisions dans la vie, explique-t-il.  

Le métier de thanatologue

Il faut avouer que, depuis longtemps, bien des gens, peu importe leur niveau social ou leur culture, ont tendance à associer thanatologie et morbidité.C'est une profession qui, vue de l'extérieur, rebute et intrigue. Ce n'est rien de plus que l'image populaire du directeur funèbre du "croque-mort "qui est véhiculée depuis mettant en scène des hommes lugubres portant un chapeau noir et une cape étriquée.

Cependant, l'image mythique du croque-mort est bien loin de la réalité, car de nos jours, les gens qui œuvrent en thanatologie sont loin d'être uniquement des embaumeurs.Un thanatologue doit être attentif à l'état émotif de ses clients et il doit faire preuve de compassion.

Les gens qui requièrent des services funèbres ne sont pas dans un état normal. Ils vivent un deuil. Ils ont de la peine et doivent souvent composer avec des émotions en "montagne russe". Le fait d'acheter des services funèbres ce n'est pas comme aller s'acheter une voiture neuve.

Les thanatologues sont formés pour être justement en mesure d'accompagner les gens endeuillés durant tout le processus :«On doit, évidemment, avoir comme qualité première l'empathie. Il faut avoir envie d'aider le monde, et ce, presque 24 heures sur 24. Un décès arrive à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Peu importe l'état dans lequel tu te trouves ou la situation dans laquelle tu es ,tu dois être à l'écoute et prêt .Tu peux être grippé, avoir eu une mauvaise nouvelle ,mais il faut que tu sois capable de laisser ça chez vous, car la personne la plus importante elle est devant toi.» 

Un métier qui évolue avec le temps

Le métier a aussi beaucoup changé au fil du temps. La charge de travail est, de nos jours, très différente. La profession n'a pas profité des nouveaux développements technologiques, car les instruments de travail demeurent les mêmes.

«À l'époque de mon grand-père, le métier consistait à rencontrer la famille 20 minutes et, après ça, 95 % de son job c'était de s'occuper du mort. Aujourd'hui 95 % de la job, c'est de s'occuper de ceux qui restent.»

 - Stéphane Charron  

La relation d'aide est devenue un élément important dans son travail. Le thanatologue est là pour donner de l'information, pour écouter et aider les proches à vivre sainement leur deuil. Le rôle du directeur funéraire (thanatologue) est, de nos jours, aussi beaucoup plus vaste et inclut plusieurs tâches comme planifier et diriger des funérailles, assurer le transport du défunt, informer les proches des démarches administratives à accomplir.

La profession de directeur funéraire est plus complexe qu'elle n'y parait. «On doit aussi être de bons gestionnaires. Il faut savoir que mourir, de nos jours, implique tout un long  processus administratif gouvernemental. C''est beaucoup de paperasse pour les familles déjà éprouvées et cela représente une démarche souvent de trop.»

Les salons funéraires ont pris la place des églises

Il ne faut pas oublier que les salons funéraires sont des entreprises: "Le business" a vraiment beaucoup changé. Les gens ont délaissé les églises pour choisir des rites funéraires différents et adaptés à leur réalité.

À titre d'exemple, le pourcentage de personnes qui veut être embaumé a beaucoup diminué pour aller vers la crémation. Présentement, 70 % de la population choisit la crémation.

*** (noter que l'on ne parle pas d'incinération lorsqu'il s'agit d'un corps. On parle de crémation. L'incinération étant de brûler des déchets et non des corps) ***

Plus on se détache de la religion, plus on se détache aussi de ce côté traditionnel.

De nos jours bien, des gens s'éloignent des lieux de culte pour célébrer le départ de l'être cher dans une chapelle sans pas appartenance a aucune religion. C'est presque 7 sur 10 maintenant. Presque 95 % des funérailles se font ici, chez nous, avec un aménagement adapté.

C'est aussi comme les fleurs qui ont cédé leur place aux dons à des organismes qui sont choses courantes maintenant tout comme les ventes de cercueils qui ont chuté de façon drastique pour céder leur places aux urnes ce qui fait une grosse différence sur le prix.

«Il manque un zéro entre un cercueil à 4 000 $ et une urne à 400 $. Les frais de services, depuis 15 ans, se sont ajustés. Cependant la marge de profit n'est pas la même.»

Par contre pour Stéphane Charron, tu ne fais pas ce métier que pour faire de l'argent

«Il faut que tu fasses cela parce que tu aimes ça. Il y a trop d'émotions d'impliquées. Tu ne peux pas faire ça sans que cela soit une passion pour toi .C'est comme n'importe quel autre métier.»

 - Stéphane Charron

La thanatologie : une vocation pour la famille Charron

Le thanatologue Coaticookois ne ferait rien d'autre dans la vie. Il aime sa profession et il est apprécié dans sa collectivité. S'il n'était pas "embaumeur ", il serait  ...golfeur professionnel. Et il a aurait, cette fois-ci tête de l'emploi !

Une chose est sûre : Pour la famille Charron de Coaticook, la thanatologie est plus qu'un métier, c'est une véritable vocation familiale.

Son fils Charles Antoine prendra sûrement la relève de l'entreprise dans quelques années. Il sera la 4e génération à être thanatologue.

En terminant comme le dit un vieux proverbe italien :

«Une belle mort ennoblit toute la vie.»


  A LIRE AUSSI ...

La nouvelle maison des aînés de Coaticook accueille ses premiers résidents

Mardi le 15 octobre 2024      
La nouvelle maison des aînés de Coaticook accueille ses premiers résidents
Mobilisation de la CDC de la MRC de Coaticook pour un réinvestissement dans le filet social

Mardi le 29 octobre 2024      
Mobilisation de la CDC de la MRC de Coaticook pour un réinvestissement dans le filet social
Report de la nouvelle caserne de pompiers à Compton

Vendredi le 18 octobre 2024      
Report de la nouvelle caserne de pompiers à Compton
NOS RECOMMANDATIONS
Un Estrien remporte la super cagnotte de 794 747 $ à la loterie

Vendredi le 15 novembre 2024      
Un Estrien remporte la super cagnotte de 794 747 $ à la loterie
Michel Frigon du Provigo Le marché à Magog intronisé au temple de la renommée de l’ADA

Mardi le 19 novembre 2024      
Michel Frigon du Provigo Le marché à Magog intronisé au temple de la renommée de l’ADA
Arrestation sur la rue Bowen Sud à Sherbrooke : drogue et matériel saisis

Mercredi le 20 novembre 2024      
Arrestation sur la rue Bowen Sud à Sherbrooke : drogue et matériel saisis
PLUS... | CONSULTEZ LA SECTION COMPLÈTE...

 
Chat GPT, Le sommelier du journal Estrieplus
Vendredi, 22 novembre 2024
Le Burg Ravensburg Riesling

Daniel Nadeau
Mercredi, 20 novembre 2024
Les maudits gars

François Fouquet
Lundi, 18 novembre 2024
Les pépites d’espoir

Un Estrien remporte la super cagnotte de 794 747 $ à la loterie Par Martin Bossé Vendredi, 15 novembre 2024
Un Estrien remporte la super cagnotte de 794 747 $ à la loterie
Michel Frigon du Provigo Le marché à Magog intronisé au temple de la renommée de l’ADA Par Martin Bossé Mardi, 19 novembre 2024
Michel Frigon du Provigo Le marché à Magog intronisé au temple de la renommée de l’ADA
Décès de Marcel Bolduc : un pilier dans la défense des familles endeuillées Par Martin Bossé Jeudi, 21 novembre 2024
Décès de Marcel Bolduc : un pilier dans la défense des familles endeuillées
ACHETEZ EstriePlus.com
bannières | concours | répertoire web | publireportage | texte de référencement | site web | vidéos | chroniqueur vedette
2024 © EstriePlus.com, tous droits réservés | Contactez-nous