Devant la menace d'un abandon jugé « précipité » du programme Éconologis, l'ACEF Estrie et une coalition d'organismes communautaires de la région se sont regroupés, lundi matin, afin de protester contre cette décision.
Lors d'une conférence de presse, la coalition s'est adressée à la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau, afin d'exiger le maintien d'Éconologis au-delà du 1er avril. Actuellement en projet-pilote, son programme remplaçant, Rénoclimat, n'aurait pas encore prouvé son efficacité.
Chaque année, environ 700 locataires et propriétaires de la région de l'Estrie bénéficient des trucs et astuces des techniciens d'Éconologis afin d'économiser un peu d'argent en augmentant leur efficacité énergétique et en éliminant les pertes au maximum. Ce chiffre diminuerait sous la barre des 100 ménages advenant la disparition du programme actuel. « Cela prendrait cinq ans au nouveau programme avant qu'il ne puisse couvrir la même quantité de gens », a expliqué la coordonnatrice d'ACEF Estrie, Ghislaine Beaulieu, soit 13 000 personnes chaque année à l'échelle nationale.
« Le succès de ce projet-pilote n'est pas garanti. Advenant l'échec de ce dernier, le retrait hâtif d'Éconologis privera les ménages à faible revenu du seul programme en efficacité énergétique qui leur est destiné », a averti Mme Beaulieu. Le projet-pilote, qui devait commencer en novembre dernier, a été repoussé jusqu'en janvier.
La décision de l'Agence de l'efficacité énergétique (AEÉ) de demander l'abandon d'Éconologis est née d'une enquête minimisant les impacts et la rentabilité d'un tel programme. Aux dires du président de l'Association des locataires de Sherbrooke, Normand Couture, Éconologis permet non seulement de réduire de la facture d'électricité, mais souvent de trouver le problème source. « Par exemple, il est arrivé que trois ou quatre compteurs soient branchés sur le même. Il s'agit aussi de protéger les locataires lésés », a-t-il illustré.
Le nouveau programme aurait les mêmes visées que l'ancien, mais les critères d'admission seraient resserrés. De plus, Rénoclimat exigerait dorénavant une participation financière des propriétaires d'immeubles, ce qui risque de nuire aux locataires à faible revenu.
Les audiences de la Régie de l'énergie sur le sort d'Éconologis auront lieu vers la mi-février. En Estrie, 43 organismes appuient le maintien du programme et une pétition a recueilli 1467 signatures de bénéficiaires d'Éconologis.
Appui du député de Johnson
Le député péquiste de Johnson, Étienne-Alexis Boucher, était présent à la conférence de presse afin d'appuyer la coalition estrienne. Le jeune député craint lui aussi que le projet-pilote ne soit prêt avant l'abandon d'Éconologis, le 1er avril prochain. « D'autant plus qu'Éconologis est très apprécié de ses utilisateurs, comme le confirme l'évaluation faite du programme en 2007-2008 », a fait valoir M. Boucher.
Photo : Normand Couture (Association des locataires de Sherbrooke), Ginette Soucy (CDC Memphrémagog), Ghislaine Beaulieu (ACEF Estrie) et Sylvie Bonin (ACEF Estrie), ont dénoncé l'abandon « précipité » d'Éconologis, au nom de 43 organismes de la région.