Le maire de Sherbrooke et Sherbrooke Innopole lancent une vaste offensive pour faciliter l'installation d'entreprises sur le territoire de la Ville. En plus d’un édifice, de deux fonds d’investissement et d'une nouvelle politique des prix pour les terrains industriels, Bernard Sévigny entend notamment réduire la lourdeur de l’appareil administratif municipal.
« On ne veut pas être 42e, on veut être 1er », dit Bernard Sévigny
Sans nommer d'entreprises qui ont décidé d'élire domicile ailleurs, M. Sévigny affirme que Sherbrooke a perdu plusieurs opportunités en raison notamment de la lourdeur administrative. Celle-ci expliquerait aussi la piètre performance de Sherbrooke en termes d'accueil entrepreneurial.
« Le mécontentement cristallisé cause problème. La phrase qui tue c'est « C'est compliqué de de faire des affaires à Sherbrooke », et nous l'avons entendue à plusieurs reprises. C'est ce à quoi on va s'attaquer dans les prochaines semaines. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a publié son palmarès 2015 des villes où c'est le plus facile de s'installer et Sherbrooke arrive au 42e rang, derrière Rivière-du-Loup et Drummondville. La raison principale, c'est la lourdeur et la complexité administratives. »
Depuis janvier 2015, plusieurs irritants ont été soulevés par les entrepreneurs, dont les délais requis pour obtenir un permis, d'être constamment dirigés et redirigés vers différents intervenants avant d'arriver (enfin!) à la bonne porte et finalement, l'approche coercitive qui semble résulter d'un manque de clarté et d'information.
Le maire entend bien alléger la maison qui rend fou. Il assure que si des changements de culture sont nécessaires dans les structures, ils seront réalisés. « On ne veut pas être 42e, on veut être les premiers », conclut M. Sévigny.
Les problèmes des terrains industriels
Le dossier des terrains industriels est pris à bras-le-corps par Sherbrooke Innopole, qui entend simplifier les démarches d'acquisition des terrains industriels et rendre Sherbrooke plus compétitive vis-à-vis des villes avoisinantes.
Une nouvelle politique de prix de ces terrains a été présentée au conseil municipal la semaine dernière. On veut tout d'abord baisser les prix des terrains. Actuellement, Sherbrooke se situe au 8e rang (sur 8 municipalités) en termes d'accessibilité relative aux prix de ses terrains industriels. Selon Sherbrooke Innopole, il existe un écart de plus de 30 % entre les prix des terrains industriels de Sherbrooke et ceux de ses plus proches rivaux, comme Drummondville et Granby.
Les entreprises pourront dorénavant connaître le prix du terrain, incluant les travaux permanents, sans avoir à attendre plusieurs semaines. Même chose pour l'acquisition. La nouvelle politique devrait avoir comme effet de rendre Sherbrooke devienne plus attractive et de gagner des opportunités, au lieu d'en perdre.
Un édifice et deux fonds pour les sciences de la vie
La directrice générale de Sherbrooke Innopole, Josée Fortin, affirme qu'il y a un grand besoin de financement pour les entreprises en démarrage qui en sont à la période qui précède la commercialisation, une période dans laquelle les revenus sont souvent minimes ou carrément absents.
Deux nouveaux fonds d'investissements ont été créés pour permettre aux jeunes startups de passer au travers ce qui est communément appelé « la vallée de la mort ». Quatre projets sont actuellement à l'étude : deux en sciences de la vie, dont un venu de Montréal et qui s'installerait ici, et deux en technologies de l'information.
Selon Mme Fortin, il est difficile de chiffrer les investissements puisqu'il s'agit d'une étude cas par cas. Le risque sera toutefois partagé entre les partenaires, dont Sherbrooke Innopole, assure-t-elle.
Un nouveau bâtiment multilocatif également sera construit dans le Parc scientifique du CHUS. En plus d'offrir des locaux abordables aux entreprises en démarrage, le bâtiment sera aussi doté d'équipements et d'espaces communs de type laboratoire. Sans dévoiler le coût du projet, qui serait financé public-privé, Mme Fortin affirme cependant qu'il serait étudié au cours des prochaines semaines par le conseil municipal.
