Pierre Bolduc, fondateur et propriétaire de l'Écolo
Boutique, a deux filles qui ont débuté des études universitaires. Il sait que
la conciliation travail-étude peut être difficile pour certains et c'est pour
cette raison qu'il prépare les horaires en fonction des besoins de ses
employés. Un aspect qu'il souhaite être offert au sein de toutes les autres
entreprises.
Ce mercredi après-midi, le commerce, qui recherche à réduire
l'impact sur l'environnement et l'empreinte écologique de la population dans sa
consommation quotidienne, recevait d'ailleurs un certificat le désignant
gagnant de la deuxième édition du concours Mon boss c'est le meilleur !.
Une initiative lancée par le Projet Partenaires pour la réussite éducative en
Estrie (Projet PRÉE), en collaboration avec Conciliation Études-Travail Estrie.
Dans le cadre de ce concours, les jeunes de l'Estrie qui
occupent un emploi, en même temps que leurs études, étaient invités à nommer
leur employeur sur les réseaux sociaux de la page du Projet PRÉE. À Sherbrooke,
il s'agit de 79 jeunes qui ont participé au processus. Ainsi, l'Écolo
Boutique est sorti gagnant en raison du témoignage d'une de ses employées qui a
séduit les responsables du concours. Pierre Bolduc a alors accepté de devenir
ambassadeur et faire de la sensibilisation auprès des autres employeurs.
Ce qui a distingué M. Bolduc aux autres employeurs
nommés est le témoignage d'une de ses employées, Mélina Catudal. Cette dernière
hésitait à demeurer aux études, mais le propriétaire de la boutique où elle
travaille, en plus d'y avoir complété un stage, lui a fortement encouragé de
continuer et de se trouver un autre stage au sein d'une entreprise différente de
la sienne.
« Dans ce contexte de pandémie, son employeur l'a vraiment
encouragé à rester aux études et notamment à persévérer pour son stage »,
mentionne Stéphanie Carlos, agente de liaison à Conciliation Étude-Travail
Estrie.
Favoriser la réussite éducative
Plusieurs facteurs peuvent entrer dans la conciliation
travail-étude de la part de l'employeur. La flexibilité des horaires, notamment
lors de la période des examens, en fait partie. Cependant, les qualités
humaines demeurent importantes. Ainsi, l'encouragement dans la poursuite des
études, des discussions autour des aspirations professionnelles, ainsi que des bourses
d'études peuvent également renforcer la relation entre l'employeur et ses
employés.
« Ce qu'on vise, de façon globale, c'est de favoriser la
réussite éducative des jeunes. Spécifiquement à propos de ce concours, on
souhaite que les employeurs puissent être sensibilisés au rôle qu'ils peuvent
jouer dans la réussite éducative. La relation humaine est super importante et
ça fait en sorte que les jeunes se sentent motivés davantage. Surtout avec ce
qui se passe avec la COVID actuellement, certains ont le goût de tout abandonner,
mais de retourner au travail, c'est motivant pour eux, surtout lorsque
l'employeur leur suggère de continuer les études », explique Lisa Champeau,
agente de développement - mobilisation des gens d'affaires au Projet PRÉE.
En plus, du certificat obtenu, la boutique sera ajoutée à la
liste de regroupement d'employeurs conciliants. Ceux qui y sont inscrits
prennent un engagement moral afin de favoriser la conciliation des études et du
travail. Ceci n'implique rien d'autre que d'apparaître sur une liste qui sera
utilisé par l'organisation pour des jeunes cherchant un emploi leur permettant
de concilier les études et un moyen de mettre de l'argent de côté.
Un aspect bien ancré
Pour les deux succursales de l'Écolo Boutique, cette
conciliation travail-étude demeure importante. Actuellement, cinq employés sont
aux études et M. Bolduc ne veut pas nuire à leur développement
intellectuel.
« Si les employeurs savaient le rôle qu'ils ont auprès des
jeunes pour faciliter leur réussite éducative, il y aurait plus de M. Bolduc.
Au cours de la dernière année, les jeunes ont vécu plusieurs défis qui ont eu
une grande influence sur leur santé mentale, leur motivation et leur engagement
scolaire. Les bouleversements et les effets collatéraux provoqués par la
pandémie peuvent avoir un impact sur leurs priorités, mais aussi sur leur
niveau de motivation à rester à l'école », souligne Mme Champeau.
D'ailleurs, l'entrepreneur compte deux filles et une de
celles-ci a vécu cette particularité de la pandémie. Vivant à Montréal pour ses
études, mais suivant des cours à distance, elle a perdu toute motivation à
continuer ses cours. Pour l'aider, elle est retournée au sein du nid familial
en octobre dernier. Elle est repartie seulement en février, ayant finalement
complété son cours d'architecture à Montréal.
Ayant un cas directement sous son toit, M. Bolduc a
donc été sensibilisé davantage à cette réalité. Cependant, même avant la
pandémie, il ne voulait pas empiéter sur le temps d'études de ses employés,
jouant au « yo-yo » avec les horaires pour les accommoder. En ces temps
difficiles, il a été en mesure de le faire, même s'il avoue que cela n'a pas
toujours été facile.
« C'est simple, je veux que les autres employeurs offrent à
mes enfants ce que j'offre aux étudiants », insiste-t-il.