En 2015, les pays réunis lors de la COP 25
ont accepté une feuille de route pour rétablir le climat au niveau de celui de
l'ère préindustrielle, niveau jugé sécuritaire pour assurer le rétablissement
du climat. L'indice phare pour y arriver est de ne pas dépasser l'augmentation
de température au-delà de 1,5 ℃.
Il est important de bien comprendre le
processus dans lequel nous sommes engagés pour juger des actions à appuyer ou à
prendre individuellement.
Résumons la problématique
Les problèmes du dérèglement extrême du
climat que nous vivons de façon de plus en plus intense proviennent d'une trop
grande concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère. Ce sont
principalement le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde
d'azote (N2O).
Cet excès a débuté avec l'ère industrielle
(±1850) par l'exploitation
des énergies fossiles, dont le charbon, suivi du pétrole, puis du gaz.
Les GES que nous générons sont absorbés,
pour moitié, par les grands puits naturels de captation que sont les océans et
la forêt et les autres écosystèmes terrestres. C'est l'autre moitié qui
s'accumule dans l'atmosphère qui crée l'effet de serre. Ce dernier n'est pas un
problème en soi, car il est naturel et même garant de notre vie sur terre.
C'est la rapidité et la trop grande
quantité de GES émises qui posent un problème.
Le consensus est clair : l'excès est causé
par l'activité humaine depuis 1850 et il faut réduire radicalement et
rapidement nos émissions pour rétablir le climat.
Comprendre la feuille de route
Il nous est impossible de revenir aux
émissions de l'ère préindustrielle d'un coup de baguette magique. C'est
pourquoi les scientifiques ont proposé une feuille de route avec des cibles de
réduction à respecter, tout en considérant que Dame Nature ne négocie pas, elle
impose.
L'objectif global visé pour l'an 2100 est
le rétablissement du climat au niveau de l'ère préindustrielle. Les cibles à atteindre
sont :
- réduire les émissions de 50 % d'ici à 2030
- atteindre la carboneutralité en 2050
- désengorger graduellement le stock de GES
accumulés dans l'atmosphère jusqu'en 2100
Si la cible de 2030 est une réduction de 50
% au niveau de la planète, elle implique que chaque pays a la même
cible. Quand on parle de
carboneutralité, cela signifie que tous les GES encore émis à cette période
soient neutralisés d'une façon ou l'autre : moins d'émissions et/ou davantage
de captage par les puits naturels ou par d'autres techniques. À partir de 2050,
on devrait commencer à réduire le stock de GES accumulé (les experts parlent
d'« émissions négatives ») jusqu'à la situation de ±1850.
Il est important ici de bien comprendre
que, jusqu'en 2050, le volume de GES va augmenter dans l'atmosphère, car la
carboneutralité n'est prévue qu'en 2050. Ainsi, on sait que le Canada a émis
761 millions de tonnes de GES en 2005, 757 en 2006, 777 en 2007 et ainsi de
suite pour en émettre 708 millions en 2022. Chaque année, ces gaz ont grossi le
volume déjà présent de GES. Et c'est semblable pour chaque pays.
Même si normalement la quantité émise
devrait diminuer jusqu'à atteindre la carboneutralité, le volume dans
l'atmosphère, lui, va augmenter jusqu'en 2050. Avec comme conséquence de
provoquer des conditions climatiques extrêmes telles qu'on le constate déjà aujourd'hui.
On peut donc en déduire que, jusqu'à 2050,
le pire est à venir, quoi qu'on fasse. Mais que plus on va réduire les
émissions, plus la situation sera sous contrôle. C'est ce que les experts nous
proposent.
Au niveau mondial, les émissions de 1990 à
2023 n'ont pas fléchi, elles ont gonflé ainsi le volume planétaire chaque
année.
L'autre mesure de la dangerosité de la
situation
Les pays ayant signé l'Accord de Paris en
2015 se sont entendus pour limiter l'augmentation de la température à 2 ℃, idéalement à 1,5 ℃ d'ici à
2030. Nous en sommes à 1,2 ℃ et sans mesures
radicales, nous devrions atteindre la barre du 1,5 ℃ en 2035, nous rappelle le Programme des Nations-Unies pour
l'Environnement (PNUE).
Ça se comprend et ça confirme les
prévisions des experts à l'effet que le réchauffement du climat va augmenter
les manifestations de conséquences extrêmes d'année en année. Ainsi si, dès
1990, nous avions pris au sérieux les avertissements et engagé des mesures de
réduction, nous n'aurions pas à faire face aux ouragans majeurs, aux records de
feux de forêt, aux inondations, aux sécheresses, à l'acidification des océans
et aux répercussions sur les populations affectées.
On n'a pas le droit de
baisser les bras
À continuer au rythme actuel, il pourrait
venir un moment où tout serait hors contrôle. Ce serait l'emballement (voir ma
dernière chronique), le chaos, la guerre pour les ressources, la loi du plus
fort.
Quand on constate
l'augmentation des conflits mondiaux, le manque de solidarité des pays face à
cet enjeu, les climatosceptiques au pouvoir aux États-Unis et probablement au
Canada bientôt, il est difficile d'être optimiste. Mais
il faut avoir le courage de ne pas baisser les bras. Nos enfants et nos
petits-enfants nous en remercieront.
Yves Nantel Décembre 2024