« Les actions entreprises
aujourd'hui vont influer sur le climat pour des millénaires » dixit
le GIEC, 21 mars 2023. Arrêtons-nous 30 secondes, puis répétons cette
affirmation ... 3 fois ... 4 fois afin de bien prendre conscience de sa
signification.
Que va-t-il arriver si le réchauffement du climat
continue au rythme actuel ? « Avec un réchauffement
planétaire croissant, les pertes et dommages vont croître et certains systèmes
naturels et humains vont atteindre la limite de leur capacité d'adaptation
», toujours le GIEC.
Perdre les capacités d'adaptation, n'est-ce pas
leur mort ?
Et que va-t-il se passer graduellement jusqu'à
l'atteinte de cette limite ? La hausse des vagues de chaleur meurtrière, la
fonte des glaciers, l'acidification et la hausse du niveau des mers, les
inondations et l'érosion des berges, la diminution de l'accès à l'eau y compris
l'eau potable, la propagation des maladies dont des nouveaux virus, le recul de
la production alimentaire, la détresse psychologique, les vagues de réfugiés
climatiques et les luttes pour l'accaparement des ressources non affectées.
Se peut-il que nous, les Humains, avec les
structures que nous avons mises en place, soyons les responsables de ces
dérèglements du climat. Certains scientifiques vont jusqu'à qualifier cette
époque, l'ère de l'Anthropocène, l'ère des Humains.
Le défi est colossal et peut paraître
insurmontable. « Ce qui manque pour l'instant, c'est une
volonté politique forte afin de résoudre les problèmes une fois pour toute
» selon le président du GIEC, Hoesung Lee. Il y a de l'espoir alors ? « ... mais la fenêtre pour agir efficacement se referme rapidement
». On le sait, l'objectif est de limiter le réchauffement à 1,5 ℃ par rapport
au niveau de l'ère préindustrielle, soit celui d'il y a ±150 ans.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat (GIEC), ce n'est pas n'importe qui. C'est l'organisme
mondial que se sont donné les pays regroupés au sein de l'ONU pour leur
présenter l'heure juste sur la question des changements climatiques.
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Le Canada est-il en phase avec cette
situation ?
Même s'il ne faisait que 38 millions d'habitants,
le Canada était, en 2019, le 10e pays le plus émetteur de gaz à effet de serre
au monde. Il était aussi en tête du palmarès des pays émetteurs par habitant
avec quelque 19,6 tonnes, devant les États-Unis qui en émettait 18,3. Cela lui
confère une responsabilité particulière.
Que l'on prenne l'angle que l'on veut, il est
difficile d'affirmer que le Canada est sur la bonne voie « d'agir efficacement
et rapidement ». À ce jour, le Canada, a complètement failli à la tâche
d'atteindre ses cibles de diminution d'émissions de GES. Peut-on croire notre
ministre de l'Environnement lorsqu'il affirme que nous atteindrons la
carboneutralité en 2050 ?
On peut en douter ? Quelques exemples.
En juin 2018, le gouvernement du Canada parrainait
la Charte sur les plastiques dans les océans. Quelques mois plus tard, il
publiait sa Stratégie pan-canadienne visant l'atteinte de zéro plastique puis
enclenchait des consultations sur le projet de loi, puis sur les règlements,
puis sur les directives. En juin 2022, quatre ans plus tard, il publiait enfin
le Règlement interdisant les plastiques à usage unique. Et devinez quand il
sera appliqué intégralement ? « Pour permettre à
l'industrie de s'adapter aux changements, le Règlement sera mis en oeuvre
graduellement » jusqu'en décembre 2025. Sept ans et demi avant
d'interdire. Combien pour voir les résultats ?
Pour sa part, le commissaire à l'environnement
Jerry DeMarco, dans un récent rapport, constate que » le
Ministère avait dépassé de deux ans ses cibles initiales pour l'élaboration du
Règlement sur les combustibles propres, ce qui n'est pas en phase avec le
caractère urgent de la crise climatique ».
Dans le dossier des espèces menacées, il met en
évidence que les efforts pour planifier les espèces en péril sont lents et
insuffisants. En réponse, le gouvernement s'est engagé à déposer un plan, d'ici
deux ans. Donc en 2025 on aura un plan, puis devront suivre les règlements et
la procédure d'application. Et l'action ? Peut-on se permettre les mêmes
lenteurs que lors de l'élaboration de l'interdiction des plastiques à usage
unique ?
Au niveau des émissions de méthane : « Nous avons constaté que de grandes sources de méthane n'étaient
pas prises en compte dans les inventaires ni visées par les règlements
existants. Cela accroît l'incertitude entourant
la quantité et l'ampleur des réductions réalisées ».
L'Arctique se réchauffe 2 fois plus vite que le
reste de l'atmosphère; il en est déjà à +3 ℃. Mais c'est chez nous l'Arctique.
L'Organisation météorologique mondiale des Nations unies nous annonce : « la partie est perdue pour les glaciers, car la concentration de
CO2 est déjà très élevée et l'élévation du niveau de la mer risque
de se poursuivre pendant les milliers d'années à venir ».
Croire aux miracles
Nous sommes devant l'urgence d'agir. Oui, oui, je
sais, c'est complexe, tant de facteurs entrent en
ligne de compte. Mais on ne doit pas paralyser devant l'ampleur du défi.
Actuellement, c'est comme si on tergiversait en misant sur un miracle à
advenir. Ne l'oublions pas : « Les actions
entreprises aujourd'hui vont influer sur le climat pour des millénaires
».