Les récents résultats des recherches effectuées par l'équipe de Brendan
Bell, PhD en microbiologie et infectiologie à la Faculté de médecine et des
sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke, permettent de faire un pas
de plus pour vaincre le VIH/SIDA.
Un rayonnement à l'international
Les résultats de l'équipe de chercheurs ont été publiés dans le prestigieux
journal international PLOS Pathogens, le 23 mai dernier. Il s'agit
d'une revue scientifique consultée en ligne par des médecins et des étudiants
en médecine partout à travers le monde.
Deux découvertes majeures
Depuis plus de 10 ans, l'équipe de chercheurs de l'Université de Sherbrooke s'efforce de mieux comprendre
cette maladie qui infecte le système immunitaire du corps. En 2024, ils ont
découvert une « clé » moléculaire qui joue un rôle important dans le
contrôle de la « réplication active » ou de « l'état
dormant » du virus. Cet état est « l'obstacle principal à la guérison du
VIH ». Il constitue « un problème majeur pour le développement d'un
vaccin contre celui-ci ». Au fil du temps, le virus s'intègre dans le
propre ADN de la personne atteinte. De ce fait, il ne peut pas être ciblé par
les « médicaments antirétroviraux (ARV)» disponibles présentement. Le
VIH se cache dans le système immunitaire. Cette découverte est liée à une autre
de 2012 du professeur Bell. À l'époque, « le laboratoire du professeur Bell
avait découvert une « serrure » moléculaire au sein du génome du VIH et avait
démontré qu'un complexe de protéines de nos cellules pouvait être piraté par le
VIH pour se déverrouiller afin de sortir de sa latence et entrer en réplication
active. » - (source : Université de Sherbrooke)
Ces deux découvertes (celles de 2024 et de 2012) sont plus qu'importantes
dans une période où les cas de personnes atteintes du VIH sont en hausse.
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25 % en Estrie
La publication dans le PLOS Pathogens permet de mettre en
lumière le travail de longue haleine accompli par l'équipe du professeur Bell
et, en outre, de remettre sur le devant de la scène la lutte contre le VIH/SIDA.
Il faut savoir que dans les dernières années, particulièrement entre 2021 et
2022, les diagnostics ont augmenté de 25 % en Estrie. Selon le professeur Bell,
cette augmentation peut s'expliquer, entre autres, par le manque de vigilence. «
Le fait que la maladie se traite avec des médicaments amène les gens à baisser
la garde. Ils sont moins inquiets qu'avant,
lorsque le VIH/SIDA était au centre de l'actualité. » Même si l'arrivée
des médicaments a réduit le taux de mortalité de façon significative, en
particulier dans les pays industrialisés où l'accès au traitement est plus
facile, la recherche doit continuer pour trouver un vaccin afin d'irradier
cette pandémie. Mentionnons que, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de
la Santé (OMS), 39 millions de personnes vivent avec le virus à travers le
monde. « Cela représente la population du Canada ! », souligne Brendan
Bell.
« Le virus est banalisé »... et cela a de graves conséquences
La trithérapie, la quadrithérapie ou la bithérapie ont changé la course de la pandémie, mais il ne faut pas perdre de vue l'importance de continuer la lutte pour éradiquer le VIH. « Les
médicaments antirétroviraux, c'est un triomphe de la science. Toutefois,
allons au but pour trouver un vaccin et/ou une guérison contre ce virus ! Comme il y a maintenant des médicaments,
notre société ne se préoccupent plus assez à l'éradication de la pandémie. Le virus
risque d'être banalisé et, à cause de cela, la possibilité de ne plus avoir les
fonds nécessaires pour poursuivre la recherche pour une solution définitive au VIH/SIDA est gravement réelle », explique le professeur Bell.
Pour faire simple, le manque de financement équivaut à plus de personnes qui sont à risque de
contracter le virus ( avec une possibilité de le transmettre à d'autres si elles ne prennent pas leur médication adéquatement) et, pour des millions d'êtres humains à travers le
globe, d'en mourir.
«...de nombreuses promesses visant à améliorer le sort des
femmes et des filles dans le monde n'ont pas été tenues. Près de 40 ans
après le début de la riposte, le sida demeure une des principales causes de
mortalité chez les femmes de 15 à 49 ans et près de
6 000 jeunes femmes de 15 à 24 ans sont contaminées
par le virus chaque semaine.» - (source : rapport du Programme commun des Nations Unies sur le
VIH/SIDA (ONUSIDA) publié en mars 2020 en lien avec des inégalités entre les hommes
et les femmes)
L'intelligence artificielle pour trouver une solution
En ce moment, Brendan Bell et sa doctorante Morgane Da Rocha se concentrent
sur la façon dont ils pourraient « exploiter » l'intelligence artificielle afin
« d'identifier de petites molécules pouvant avoir un impact sur la latence du
VIH. » Les travaux de recherche sont présentement en cours à l'Université de Sherbrooke.
Et... une petite subvention serait probablement la
bienvenue...