L'Université de Sherbrooke peut être très fière d'elle.
Le prix de la «découverte de l'année 2022» du magazine Québec Science, a été décerné à l'équipe de Sébastien Rodrigue,
professeur au département de biologie. Le public québécois, qui a voté dans le cadre de ce
concours annuel, a été très intéressé par leur découverte qui a pour but de permettre
d'éradiquer des bactéries intestinales nocives à l'aide de « bonnes »
bactéries armées de couteaux génétiques.
En retournant contre les bactéries les armes que
celles-ci utilisent, l'équipe du professeur Rodrigue a trouvé une solution
originale à un problème de santé majeur : la résistance aux
antibiotiques, précisément celle qui se manifeste lors d'infections ayant une
composante liée au microbiote. La technologie développée est composée d'une
bactérie probiotique modifiée génétiquement et d'un outil de livraison qui
contient un module CRISPR, un ciseau moléculaire pouvant être programmé pour
détruire le matériel génétique des bactéries possédant des gènes de résistance.
Une grande
reconnaissance
«Ce prix du public est une touchante reconnaissance
envers notre travail en laboratoire, mentionne Nancy Allard, stagiaire
postdoctorale», membre de l'équipe de recherche. «Je suis encore plus
enthousiaste à l'idée de poursuivre ma carrière en recherche et de faire en
sorte que nos prochaines découvertes ne servent pas qu'à faire avancer les
connaissances fondamentales, mais aussi à multiplier les bienfaits que la
société peut en retirer,» ajoute-elle.Pour le professeur Rodrigue, c'est la possibilité
de démocratiser la recherche scientifique qui donne une grande valeur à ce
prix : «La
vulgarisation scientifique devient de plus en plus importante pour notre
société et, ce qui en découle, c'est d'être capable d'identifier des sources
sûres d'information. C'est une des raisons pour lesquelles mon équipe et moi
sommes très honorés d'avoir été sélectionnés par les lecteurs de Québec Science.»
L'UdS, parmi
les plus grandes universités
Selon le vice-recteur à la recherche et aux études
supérieures, le professeur Jean-Pierre Perreault, cette reconnaissance est
l'occasion de rappeler que l'UdeS figure parmi les 15 plus grandes
universités de recherche au Canada, et que cette position enviable est en
partie attribuable à la nature pratique et concrète des travaux que mènent nos
équipes de recherche : «Je le dis
souvent, nos chercheuses et chercheurs préparent l'avenir. La découverte de
l'équipe du professeur Rodrigue en est un bel exemple. En effet, non seulement
ils ont trouvé une solution à un enjeu de santé préoccupant, mais ils ont
poussé le progrès en faisant breveter leur découverte, puis en démarrant une
entreprise autour de celle-ci.»
Un honneur pour
les chercheur.e.s
Selon le magazine, l'équipe du professeur Rodrigue
peut être particulièrement fière, puisqu'elle a remporté le concours de cette
année avec une large avance. L'aspect novateur de cette découverte semble avoir
piqué l'intérêt du lectorat : «Cela fait
des années que nos lecteurs et lectrices se familiarisent avec le
fonctionnement de CRISPR. Ils ont assurément été conquis par l'utilisation
concrète de cet outil qui pourrait changer la donne non seulement pour le
traitement des infections, mais aussi pour la modification de la flore
intestinale. Il est aujourd'hui clair que les bactéries intestinales jouent un
rôle dans une grande variété de maladies : un rôle protecteur ou pathogène.»
Si la reconnaissance par les pairs est fort prisée
au sein de la communauté scientifique, recevoir un prix du public est une tape
sur l'épaule particulièrement inestimable, jugent Kevin Neil et Nancy Allard,
deux jeunes scientifiques ayant contribué de manière substantielle aux travaux
: «Il est rare
en science d'avoir l'occasion de mesurer l'impact de nos travaux en dehors de
la communauté scientifique. Recevoir le prix de la découverte de l'année Québec Science démontre l'intérêt de
nos concitoyens et concitoyennes envers la recherche pour laquelle nous
travaillons si fort. Cette reconnaissance est pour nous un grand honneur qui
nous motive à continuer nos efforts dans l'espoir que nos travaux aient une
retombée positive sur le monde.»
Rappelons que le magazine Québec Science tient
ce concours depuis 30 ans. Chaque année, un jury de chercheuses, de chercheurs
et de journalistes sélectionne les 10 découvertes québécoises les plus
impressionnantes de la dernière année, et le public est ensuite invité à voter
pour sa préférée.
Source: Université de Sherbrooke